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17 avril 2009

L'histoire d'un syndicaliste du Valenciennois

Article publié dans lavoixeco.com le 19 janvier 2009 : Jean-Pierre Delannoy, leader CGT, lanceur d'alertes rouges À Crespin, au local CGT de Bombardier. Il est écrit «responsable des actions sociales»... Son histoire est spectaculaire parce qu'elle ressemble à tant d'autres sur des hommes qui vivent à la besogne comme on mène un combat. Jean-Pierre Delannoy rythme le pas de la revendication chez les métallos de l'automobile et de la sidérurgie. Un « rouge » de la ligne dure, en première ligne en temps de crise. Incontournable. Sa guerre est déclarée depuis ce jour-là. Il a 17 ans, transporte à pied de manoeuvre des moules pour les 900 bleus de chauffe d'une aciérie de Quiévrechain, sur la frontière belgo-valenciennoise. « J'ai vu un grand trou noir avec des gerbes de feu au fond. Ils travaillaient torse nu, les corps luisants en plein gel. C'était vraiment dur, les contremaîtres ne nous laissaient d'ailleurs pas traîner longtemps... » Lutteur de classe Il est né à Onnaing, Jean-Pierre Delannoy. Le deuxième de six enfants, d'un père « assez gaulliste » et d'une mère « socialisante ». Une formation de menuisier en Belgique l'installe chez les métallos de Velot-Pic, à Onnaing. Il a 21 ans, les yeux écarquillés. Première année syndicale. « On était si puissants qu'on pouvait faire embaucher des jeunes alors que l'usine allait très mal », souffle-t-il dans son bureau valenciennois de l'Union syndicale des transports et de la métallurgie (USTM), dont il est le secrétaire général pour le sud du Nord, et le président régional. Derrière lui, entre banderoles et drapeaux rouges, un fer à cheval pour cette armée des ombres, rangs serrés des industrieux en lutte dans tous les coins de la région. « On ne se repose jamais, dit-il. Le patronat nous secoue, il nous oblige à réagir. » Il raconte. L'une des rencontres de sa vie, c'est Pierre Couvreur, un prêtre communiste des ANF de Crespin (devenus Bombardier, fabricant de trains). « Il travaillait en usine pour soutenir les gars, leur donner la foi, pas forcément chrétienne... » Jean-Pierre est encore jeune homme quand il devient délégué syndical pour la première fois, en 1978. Il s'agite, se souvient du climat « très répressif dans les usines », de la « vindicte patronale », de son passage à tabac dans une fosse, sous un wagon. « J'étais à la tête d'une grève générale et je l'ai payé. Mais plus on cognait sur moi, plus je me renforçais. Ça doit être mon côté martyr... » Il s'amuse, revient aux grands moments. Ses prises de paroles devant la foule ouvrière - « il y avait 2 000 personnes, j'étais tout tremblant ! » -, ses combats contre l'amiante, les « camarades emportés ». Il se souvient surtout de 1979, la crise de la sidérurgie, les occupations, les paralysies. « J'y ai appris à lancer des boulons et à me protéger des gaz lacrymogènes ». Flash-back. « À l'inverse de l'automobile aujourd'hui, la sidérurgie était en vraie crise. Avec des problèmes insurmontables d'investissement, de retards technologiques, de compétitivité, de capacités de production, de rentabilité, toutes choses qu'on a encore dans l'automobile. » Tous exploiteurs, les patrons ? « Oui. Je ne combats pas les hommes, leurs compétences ou leurs profits. Mais ils servent un système que je combats et qui, pour moi, exploite les hommes. » La CGT ? « Une dérive réformiste à la confédération, des technocrates qui s'épuisent en discussions de salon. Les gens veulent du boulot, du fric et une bonne retraite. » Chevillé au corps ouvrier, il y a toujours le sentiment « d'être du bon côté », chez ceux qui souffrent et qui subissent. Le fer à cheval devra tenir bon au clou de la mobilisation. • YANNICK BOUCHER
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